Tadâka mudrâ
Le geste du puits
Le geste du puits, la mudra dite de l’étang ou du réservoir parce qu’elle fait directement référence à l’élément eau dans le corps.
Technique couchée ou les membres inférieurs sont repliés et posés au sol. Cette position facilite la prise de conscience de la sensation de la rétraction abdominale par le fait de l’application de la région lombaire contre le sol.
Il est très intéressant avant chaque tadâka mudrâ de déplacer très légèrement au sol vers l’avant les deux pieds, ceci produit une action subtile au niveau de la sensation « interne » et prépare l’exécution de la technique en décubitus dorsal complet qui vient ensuite.
Cette action est dans le sens de purification, de nettoyage, de régénération du corps et de détente, en effet cette posture à la réputation d’être un puissant destructeur de la fatigue tout à fait exceptionnel.
La présente de shavasana (la posture de détente), apanâsana (les mains sur les genoux), confère à cette séance de retrouver une belle énergie.
En fait il s’agit de la célèbre manœuvre de l’uddyâna bandha mudrâ effectuée en position couchée sur le dos.
Je vous recommande dès le début de l’expiration, d’orienter toute votre attention vers la relation entre la région lombaire, le socle (la région lombaire repose naturellement sur le sol bien à plat au sol, établissant un socle-un kurma-) et l’ombilic qui lui est poussé vers le sol.
Il faut retenir l’élément majeur dans cette manœuvre, c’est la rétraction puissante de tout l’abdomen qui ici est poussé à la fois vers le sol et vers le haut du corps.
Au moment de la rétention poumons vides, l’action de rétraction doit se faire en même temps au niveau de la région ombilicale qui est poussée vers le sol et du plancher pelvien qui est tiré à l’intérieur du corps vers les viscères, cette rétraction abdominale s’intensifie considérablement, qui doit être soutenu par l’autre contraction nommée mûla bandha mudrâ (rétraction du périnée).
Le fait de réaliser cette action particulière permet de bien ressentir « l’union active » de ces deux manœuvres conjointes. (Sans oublier Jâlandara bandha, le menton rentré en direction de la poitrine).
Pendant Tadâka mudrâ, la rétention à poumons vides va se prolonger sur quatre à huit secondes, ceci bien-sûr pour des pratiquants expérimentés, une rétention confortable commence avec 2,3, 4, 6 secondes… pour débuter, l’idéal étant d’aller progressivement au fur à mesure des séances individuelles à la maison.
La torsion couchée en dynamique termine cette séquence en intensifiant l’exploration du contenu viscéral prolongeant ainsi l’action purificatrice et la stimulation du feu digestif. Cette torsion produit par ailleurs un mouvement alternant de rotation de l’axe vertébral qui joue un rôle de compensation par rapport à l’ensemble de la séquence.
Cette séquence de 30mn convient aussi bien le matin qu’en fin de journée. Elle peut être pratiquée à des fins thérapeutiques (en cours individuel) notamment par sa puissante action défatigante et purifiante. Dans ce contexte, il est intéressant de la faire suivre d’une longue relaxation.
Réduction, aménagement, le plus simple consiste à réduire le nombre de respiration à trois au lieu de six et garder le reste tel quel. Ceci sera plus adéquat pour certaines personnes.
Allan Bouvet assistant formateur extrait de texte de Claude Maréchal
dans la revue Viniyoga maturité et intériorité, juillet 2006 numéro 87
Pour aller plus loin
Yoga sutra livre III aphorisme 29 de Patanjali : Commentaire de Frans Moors
« En le centre ombilical, de l’ordonnance du corps la connaissance »
Näbhi-cakre käya vyüha jnânam.
Näbhi : nombril, ombilic ; cakre : sur le centre énergétique ; käya ; le corps physique ; vyüha : agencement, disposition, ordonnance ; jnänam : connaissance.
La connaissance de l’ordonnance du corps (vient de la spécialisation complète) sur le centre ombilical.
Lorsque la démarche se tourne vers le lieu correspondant au nombril, il en résulte une connaissance de plus en plus approfondie de l’ordonnance du corps. L’exploration de cette région, au moyen d’asanas, du contrôle du souffle et d’autres techniques comme les ligatures et les paliers respiratoires, se fait en rayonnant depuis le centre ombilical vers le thorax, les flancs et l’abdomen.
Le cakra, littéralement « roues » sont des centres énergétiques subtils. Celui du nombril (näbhi) revêt une importance particulière puisqu’il apparait dès le début de la vie utérine.
C’est autour du centre que se « construit » le futur bébé. Les arts martiaux lui accordent aussi une attention spéciale ( le fameux « ki »).
Par l’exploration attentive et répétée (samyama) de cette région, les yogin ont découvert l’organisation interne du corps grossier et subtil : les organes, les fonctions, les « humeurs »…
Pour la science, c’est la zone de la digestion, de l’assimilation…
Pour le yoga, c’est aussi la région du feu (agni), près de la zone de l’élimination (apäna) à laquelle elle est relié, le centre d’où part la myriade des conduits subtils (nädi) qui parcourent l’ensemble du corps.
L’ensemble de ces information confidentielles peut être utilisées à des fins personnelles et restées dans le cadre d’une étude du yoga sérieuse, tirées des enseignements de l’école de TK Desikashar de Madras Chennai en Inde, merci de bien vouloir respecter cette tradition.
øMars 2019
